Un magnifique projet a vu le jour autour de l’art de la photographie à la Maison Saint-Jean. Les tirages en grand exemplaires qui décoreront le pavillon en laisseront un beau souvenir au jeunes et aux adultes…
Lola Sapin et Thomas Bornstein, éducateurs sur le “Pavillon Chenu1” de la Maison d’Enfants à Caractère Social (MECS) Saint-Jean sont partis du constat suivant : Les jeunes du pavillon ont entre 14 et 21 ans, ce sont des adolescents, de jeunes adultes. Ils prennent peu à peu conscience de leurs corps, de leurs apparences. Il apparaît qu’un grand nombre d’entre eux manifestent sous différentes formes une quête de style, un moyen de se faire remarquer, de trouver sa place notamment en construisant une image à travers différents modèles auxquels nous pouvons reprocher de ne pas correspondre à une image du « réel ». Clips vidéos, télé réalité, publicités, font la promotion d’une certaine image que les jeunes assimilent comme étant celle d’un quotidien. Une image, qui apparaît comme naturelle et modèle, alors qu’elle n’est qu’artificielle et hors du réel, image dans laquelle les jeunes se reconnaissent et ne distinguent plus ce qui relève du déguisement du vrai.
Nous constatons que les jeunes font très attention à leurs images lorsque passant devant la moindre vitre dans laquelle ils peuvent s’observer, ils s’y arrêtent pour se contempler.
Le projet en quelques lignes….
Il s’agissait de proposer aux jeunes de participer à une séance photo de laquelle serait développées deux photos : une photo tenue libre et une photo en costume (veste -pantalon –chemise-cravate). Dans un premier temps, ce projet permet de découvrir ce qu’est une séance photo orchestrée par un professionnel et donc de se confronter à certaines contraintes d’organisation.Le rapport à l’objectif constitue un travail sur soi à par entière, où il faut rester concentrer, attentif aux demandes du photographe.
Ce projet permet de travailler sur la revalorisation de l’image de soi et donc de consolider l’estime de soi, le rapport du jeune sur lui-même. Être photographié c’est d’abord accepter son image, son corps et l’assumer. Une séance photo offre au protagoniste un temps particulier, une pause, lors du quel il doit maintenir une posture, accepter l’œil intrusif de l’appareil photo. Il doit accepter des remarques.
Il s’agit aussi pour les jeunes de se voir différemment que dans leurs tenues du quotidien. Nous portons le costume lors d’événements singuliers, aux célébrations, dans monde du travail. Symboliquement, porter le costume c’est le passage de l’enfance au monde des adultes qui eux le porte à différentes occasions…
Ce projet permet également de travailler la question du passage entre l’individuel et le collectif. Ainsi le thème du « conformisme » est abordé sous ses différents aspects. En effet, seul, on peut se vêtir comme on le souhaite, mais dans un cadre professionnel il y a des codes à respecter. Le costume en est la représentation au quotidien. D’autre part il existe une certaine pression sociale poussant à suivre certaines attitudes, certains comportements (vestimentaires) dont il est difficile de se défaire.
Chaque participant a reçu deux photos “en mirroir”. Une en tenue libre, l’autre en costume…un pur bonheur !